Le port de Lousonna
Un port à peine perceptible
C’est dès l’année 1921 que les premiers vestiges attribuables à l’aménagement d’un port apparaissent un peu à l’est du château de Vidy, il s’agit d’un entrepôt et d’une portion de digue. Quelques années plus tard, entre 1935 et 1939, d’autres vestiges de bâtiments implantés le long de la rive antique sont dégagés, ce sont la basilique et une habitation doté d’un entrepôt et d’une rampe qui descend dans le lac que l’on peut observer dans le parc archéologique (voir la rive antique). Ces découvertes ont durablement fixé l’idée auprès du public que le port de Lousonna se trouvait dans la zone du forum, au centre-ville de Lousonna. Depuis, plusieurs interventions ponctuelles dans la zone de la station d’épuration et au siège du Comité International Olympique (CIO) laissaient entrevoir de véritables aménagements portuaires un peu plus à l’ouest.
Le port découvert
La construction du nouveau siège du CIO a impliqué de fouiller, en 2016-2017, une zone de près de 8000 mètres carrés. Ce fût l’occasion d’en apprendre plus sur les aménagements du bord du lac, qu’il s’agisse des vestiges antiques, médiévaux et modernes.
Comme mentionné ci-dessus, certains aménagements portuaires romains avaient déjà été découverts lors de précédentes interventions archéologiques mais c’est véritablement lors de ce vaste chantier qu’a été mis au jour le port de Lousonna.
Proposition de restitution des aménagements portuaires de Lousonna. Illustration Bernard Reymond.
Sur le lac
C’est suite aux fouilles archéologiques entreprises en vue de la construction du CIO que 120 mètres de berges antiques construites de la main de l’homme à l’aide de pieux en chêne et d’enrochements massifs ont été dégagés. Plusieurs quais planchéiés ainsi que deux jetées, distantes de 190 mètres l’une de l’autre, et formées de deux parois de pieux (plus de 750 !) qui retiennent un bourrage de pierres formaient les dispositifs permettant l’embarquement et le débarquement de personnes ou de marchandises. Ces jetées, dont la longueur totale n’est pas connue mais qui devait certainement dépasser les 40 mètres étaient coudées en direction de l’est et protégeaient les embarcations des courants venant du sud-ouest.
L'une des jetées, constituées de deux rangées de pieux et d'un bourrage interne de pierres, en cours de fouille. Photo : Archeodunum SA.
Sur la berge
Sur la berge ont notamment été retrouvées des latrines – des toilettes romaines –. Plusieurs amphores, qui servaient alors d’urinoirs y ont été découvertes. Des prélèvements de matières organiques ont été faits et pourront, une fois analysés, donner de indices sur l’alimentation et l’état de santé de la population de Lousonna il y a près de 2000 ans. Ces toilettes se trouvaient à proximité d’un espace thermal où les habitants du vicus venaient se laver et se détendre.
Un entrepôt de grandes dimensions (47 x 13.5 m), au plancher surélevé, assurait de pouvoir stocker au minimum 100 m3 de marchandises, ce qui correspond à la ration mensuelle consommée par 4000 personnes. Un autre entrepôt, ainsi qu’un autre bâtiment interprété comme tel permettait facilement de doubler, voire tripler ce volume de denrées. De telles quantités suggèrent que les marchandises entreposées à Lousonna étaient destinées à être acheminées par voie terrestre par la corporation des nautes du Léman en direction de la région des Trois-Lacs et probablement approvisionner les troupes militaires romaines stationnées le long du Rhin.